SUR PILIMA
"Encore
quelques heures de navigation vers l'amont, tantôt bercé sur un fleuve
limoneux large comme un lac, tantôt précipité dans des rapides, et c'est
Pilima, le dernier village français sur le fleuve. Avant d'y arriver,
il faut franchir un "saut" particulièrement acrobatique. Cette barrière
naturelle a poussé l'Education nationale à ouvrir une structure qui ne
compte qu'une vingtaine d'élèves, dans ce village de 45 habitants - 110
avec les hameaux alentour. "Il faut mouiller sa chemise pour me trouver", s'amuse Daniel Dutant. L'instituteur n'est pas mécontent de cette douane d'écumes qui le sépare de l'aval et de "la folie des hommes".
A 50 ans, il est de ceux qui se sont laissé envoûter par le pays. Après
un premier séjour sur le fleuve entre 1985 et 1993, il est retourné en
métropole et en est revenu à toutes jambes. Il a fait plusieurs étapes
sur le Maroni, le remontant comme un saumon, s'enfonçant chaque fois
plus avant dans la forêt, mu par l'obsession "d'être le plus loin du monde dit civilisé".
En 1999, il a amarré sa pirogue à Pilima, s'est installé là avec sa
femme Isabelle, 38 ans, également institutrice, et leurs trois enfants. "Parfois je me pose des questions sur les raisons qui me poussent à rester, admet-il. Alors, je descends à Maripasoula, je regarde la télévision et je reviens rassuré."
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